TRANSMISSIONS


Il existe un proverbe kenyan qui dit : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». 


Depuis 2009 et la création de mon blog, tout s’est enchaîné assez vite en effet, il y a eu la fondation de ma marque de vêtements éco-responsables et solidaires ©by sophie b., l'intérêt des médias nationaux, un Prix Marie-Claire Idées, les partenariats avec les Galeries Lafayette, la pépinière d’entreprises artisanales L’atelier des créateurs à Caen, et la Foire de Paris avec l’incubateur Caen la mer Pionnières, puis la sortie de mon livre Hackeuse de Dressing, le dépôt de mes créations dans une, puis 2 puis bientôt 3 boutiques, et l’ouverture en parallèle de ma boutique en ligne en juin 2018.
C’est aujourd’hui un nouveau challenge pour moi que de porter le projet TRANSMISSIONS, un projet plus grand que moi seule, un projet ensemble, un projet qui va plus loin.
Alors de quoi s’agit-il me direz-vous ?
Il s’agit d’une mission double, ou plutôt de 2 missions en fait : la mission de transmettre du savoir-faire et la mission de transmettre des matières premières textiles, avec, et on l’entend aussi dans le mot TRANS- des activités transverses en synergie avec l’écosystème de l’Economie Sociale et Solidaire et de ses 11% de l’emploi en Normandie.
TRANSMISSIONS c’est donner une nouvelle chance aux femmes en donnant une nouvelle vie aux vêtements.
TRANSMISSIONS c’est apprendre à des femmes éloignées de l’emploi ou dans la continuité d’un chantier d’insertion, à créer des vêtements uniques de qualité, durable dans le temps et transmissibles, à partir de matières premières existantes, sourcées localement auprès de boutiques solidaires en lien avec les chantiers d’insertion par la collecte et le tri textile.
Chaque femme formée à tout ce qui attrait aux métiers de la confection, pourra, si elle le souhaite, former à son tour les nouvelles recrues qui arriveront avec l’expansion des demandes de femmes qui souhaiteront soutenir notre projet en portant des vêtements qui ont du sens. C’est ce que je nomme le compagnonnage pour femme, avec cette idée forte de créer des pièces portées par des femmes et qui vont aider d’autres femmes.
Mais tout cela ne va pas se faire en une fois, le marché est vaste mais le projet TRANSMISSIONS permet d’avancer étape par étape. Au départ, il s’agira de recréer quelques pièces phares du vestiaire féminin (5 au maximum, en se basant entre autre sur quelques modèles simples expliqués dans mon livre), puis d’étendre la gamme au fur et à mesure.

Depuis que je suis positionnée sur ce secteur, j’ai pu faire 3 constats :

  1. Tout d’abord, il y a eu une réelle prise de conscience collective depuis le drame du Rana Plazza au Bangladesh le 24 avril 2013, tuant plus de 1100 personnes. Les femmes, aujourd'hui, veulent s’habiller de façon plus éco-responsable.
  2. 67% des vêtements que nous possédons ne sont pas portés, selon une étude de l’Institut français de la mode, alors même que l’industrie du textile est la 2ème industrie la plus polluante au monde juste après celle du pétrole, on continue à surproduire alors que ce gisement que certains nomment « déchets textiles en fin de vie » n’est pas exploité.
  3. Les chantiers d’insertion ne peuvent proposer qu’un accompagnement de 2 ans maximum, et les sorties positives, lorsqu'il y en a, ne sont pas toujours en adéquation avec la formation suivie en chantier. C’est d’ailleurs le cas avec la couture, et notamment dans ma région, la Normandie.
Durant les 10 dernières années, j’ai pu collaborer avec des associations / chantiers d’insertion comme Itinéraires (devenue Aciades) et Chemins de traverses (reprise par ASTA). J’ai également été responsable du tri dans une boutique solidaire de l’association d’Aide aux Personnes En Difficulté (APED). J’ai pu visiter des usines de traitements des déchets textiles telles que Gebetex à Vernon dans l'Eure qui à elle seule trie au minimum 20 Tonnes de vêtements par jour: La crème part alimenter des friperies chics. La seconde classe part alimenter des boutiques solidaires et le reste, les 2/3, est mis en ballots pour être vendu à la tonne.
C’est sur cette dernière catégorie que s’appuie le projet TRANSMISSIONS car les portes de sorties pour des vêtements non portables en l’état sont minces : il y a l’effilochage pour donner de l’isolant, l’incinération et pire, le renvoi en bateaux vers l’Asie pour être retraités chimiquement, en consommant à nouveau du transport, de l’eau, des polluants comme les teintures. Tout cela pour nous revenir en vêtements de moins bonne qualité et surtout non recyclables car composés de fibres mélangées.

Dans l’écosystème du projet TRANSMISSIONS, il existe une grande famille de designers qui parvient à créer de petites séries en utilisant des restes de rouleaux de grandes maisons, des tissus vintages de grande taille comme des nappes,  rideaux et linges de lit, ou encore des pantalons de jeans. Mais l’utilisation directe du vêtement comme  matière première est quasi inexistante à grande échelle, hors c’est bien le vêtement qui constitue le plus gros gisement des usines de tri textile.
Ce que je défends avec le projet TRANSMISSIONS, ce n'est pas juste un partenariat avec les chantiers d'insertion, c’est un APRES chantier. C’est pérenniser ce qui aura été acquis en chantier d’insertion. C’est une sortie positive comme on dit. Et si TRANSMISSIONS s’adresse prioritairement à un public de femmes c’est qu’en Normandie (le territoire d'implantations du projet), elles sont les premières concernées par la pauvreté, du fait de leurs situations familiales souvent aggravantes (femmes seules avec enfants, inégalités homme-femme face à l’emploi). La lettre N°57 du mois de mars 2019 de l’INSEE Analyses le met en avant, mais j’ai moi-même pu le constater depuis le début de mon aventure entrepreneuriale.

Je suis convaincue, que si les profils sont bien choisis en fonction des besoins de l’entreprise, une salariée qui était en situation de précarité, si on lui fait des aménagements, si on lui laisse la possibilité de créer et de donner, elle va donner le meilleur d’elle-même.
Et justement, c’est en plaçant les femmes salariées au 1er plan, en utilisant des matières premières de qualité pour un coût minime tant financier que sur l’environnement et en fonctionnant avec un canal de vente directement des ateliers aux consommateurs, sans intermédiaire de l’amont à l’aval, de la fabrication à la distribution, grâce au commerce digital et à votre soutien en choisissant d'acheter ICI, que le projet pourra fonctionner. 
Enfin, j’envisage que d’ici à 2 ans, TRANSMISSIONS dispose de son propre local formation-atelier-vente dans un quartier d’intérêt régional (NPNRU de préférence). Ce sera un lieu de rencontres, d’échanges, de lien social où il sera possible d’essayer les créations, de faire de la prise de mesure, de déposer des vêtements à recycler, et SURTOUT de faire se rencontrer les femmes qui font les vêtements avec celles qui les portent…

La mode soutenue par TRANSMISSIONS ne se contentera pas de transformer des matières textiles en vêtements, mais elle créera des pièces uniques durables porteuses de sens et d'Histoires.

Pour cela le projet TRANSMISSIONS pourra compter sur mon énergie, ma capacité de résilience et ma pugnacité mais aussi je l’espère sur vous toutes et tous et pourquoi pas sur le nouveau label territoire French Impact obtenu par la Normandie le 5 mars 2019.

Et pour finir, je vous fais cette proposition: Et si les vêtements de demain étaient ceux d'hier?

Sophie BOSSUYT,
Fondatrice de la marque de vêtements éco-responsables et solidaires ©by sophie b. et auteur du livre Hackeuse de Dressing (éditions de saxe).   
Crédit Photo: Marine Delmer.
- MERCI A VOUS -
L'intégralité des bénéfices des ventes sur l'eshop bysophieb.shopify.com de mars à septembre 2019 inclus sera réinjectée dans la mise en place du projet TRANSMISSIONS.
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